“Trente pour cent d'économie d'énergie grâce au polycarbonate !”

Pour s'agrandir, Bruno Chauvet, installé à Contres, dans leLoir-et-Cher, a construit en 2008 sa nouvelle serre en utilisant uniquement desplaques de polycarbonate. Il a opté pour du Politec, 16 mm en nid d'abeille,anti-grêle, qu'il a acheté 14 €/m² chez CMPO, à Orléans.

Un matériau ancien qui revient au goût du jour grâce à son filtre contrele rayonnement des ultraviolets (ainsi, les plaques vieillissent moinsvite). En six ans, Bruno Chauvet, l'un des trois associés de la SCEA Orchidiumqu'il dirige, n'a jamais nettoyé ses plaques. En pénétrant dans les serres, onest frappé par la luminosité particulière des lieux . « Le polycarbonate c'est82 % de la luminosité procurée par du verre neuf. Mais il faut prendre encompte les battées qui sont positionnées tous les 75 cm sur du verre et tousles 1 m sur du polycarbonate. Au final, on gagne 30 % de luminosité », souligneBruno Chauvet, et les végétaux sont protégés d'un rayonnement trop direct ettrop intense. « En général, les orchidées ont trop de soleil. Je suis obligé deblanchir, sauf pour les Vanda. »

Facile à manipuler, le polycarbonate ne casse pas. Il n'aura fallu que deuxjours aux quatre techniciens pour monter cette nouvelle serre de 500 m². En2006, au regard des très bons résultats thermiques obtenus, Bruno Chauvetl'utilise pour rénover deux chapelles de production. Le coefficient dedéperdition thermique est de 1,85 W/m² pour le Politec étanche contre 6,6 W/m²pour le verre non étanche. Avec deux serres en polycarbonate et trois serres enverre (600 m²), les pertes en énergie sont réduites de 30 % par rapport à ungroupe de serres totalement équipées de verre. « Pour chauffer ma serre de 1000 m² en verre entre 22 °C et 15 °C, j'utilisais jusqu'à 35 000 l de fioul paran. Grâce à la couverture en polycarbonate de deux chapelles, j'ai réduit maconsommation de 8 000 l. À 0,80 €/l, j'économise près de 6 400 € par an », sefélicite le dirigeant. Après une analyse thermique réalisée par le centred'expérimentation horticole de la région Centre (CDHRC), les résultats ontservi de référence pour le plan végétal environnement (PVE). Ce matériau estéligible aux subventions.

Une pompe à chaleur eau/eau... Pour réaliser encore davantaged'économies, Bruno Chauvet a couplé la pose du polycarbonate avec l'utilisationd'une pompe à chaleur eau/eau. Pompée à 34 m de profondeur, l'eau arrive à 14°C et est rejetée sous terre à 8 °C. Un échangeur récupère les calories. Avecdeux forages de pompage et un forage de rejet, la consommation est de 14 m3/h.« Nous l'avons installée cet hiver, avant les grands froids de février. Àpartir de - 10 °C, nous complétons la pompe à chaleur avec une chaudière aufioul. Entre la consommation électrique de la pompe à chaleur et le fioul, nousarrivons autour de 3 300 € HT par mois, dans les périodes les plus froides.Avant, avec le fioul, il fallait 2 500 l par semaine, avec des pointes à 3 000l, soit environ 8 000 € par mois ! », rapporte ce passionné d'orchidées. Lapompe à chaleur a coûté 56 000 €, subventionnée à 43 % par l'Ademe (20 %),France-Agrimer (18 %) et la région Centre (5 %). « En cinq ans, la pompe estamortie », note le producteur. Entre le polycarbonate et la pompe à chaleur,Bruno Chauvet estime qu'il économise de 30 à 40 % d'énergie. Mais l'aspectfinancier n'est pas le seul intérêt de ces changements. Grâce à la meilleureutilisation de l'énergie, le dirigeant de l'Orchidium a revu son cycle deproduction. Il a relevé le chauffage de ses serres d'un degré minimum. « Pourles Brassia, je chauffais entre 16 et 17 °C. Maintenant, elles sont dans uneserre à 19-20 °C. Nous n'avons plus de pertes de racines et avons raccourci lecycle de production. Sur ce type de plantes et sur les jeunes plants que nousimportons, nous avons gagné un an de rotation. Nous les vendons à partir dedeux ans et demi, et non plus à trois ans et demi », conclut Bruno Chauvet.

Aude Richard